Maghreb – Algérie et Tunisie

René LortieAlgérie, Europe et Maghreb 73-74, Tunisie 2 Comments

Du 26 février au 9 mars 1974

Algérie

Notre passage de la douane algérienne au matin du 26 février a été assez simple, malgré nos appréhensions.  Après avoir payé les frais d’assurance pour la voiture (durée de 7 jours), nous partons vers Tlemcen. La route est belle, dans un paysage bucolique. Nous avions l’intention de trouver un camping près d’Oran, mais on réalise que ce sera difficile, sinon impossible, d’en trouver dans toute l’Algérie. On devra donc se débrouiller autrement en demandant des permissions aux gens. À ce chapitre, ce fut assez facile étant donné l’accueil généreux que nous avions. Le premier soir, on a donc planté notre tente à La Salamandre de Mostaganem, dans une cour adjacente à un restaurant français.

Journal du 27 février

« Tipaza : village à 20 km de Cherchell (ancienne ville romaine) et à 80 km à l’ouest d’Alger. Ce soir on a installé notre tente dans une ferme communale. Quatre familles y vivent. On y est très bien accueilli. On peut voir de près comment les gens d’ici vivent.
La journée a été fertile en événements insolites : traversée d’une rivière en auto (dans l’eau), pistes, risques d’accident, chiens, bœufs, etc. La route entre Mostaganem et Ténès est très mauvaise; par contre, le paysage y est grandiose. »

Le lendemain nous avons fait 600 km de route pour nous rendre à Constantine, à travers montagnes et routes défoncées. Pénible et exténuant. Mais là encore, la chance nous sourit en arrivant : la tenancière du resto où nous avons soupé nous indique un petit hôtel fort joli à petit prix.

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Notre séjour en terre algérienne n’aura duré que 4 jours. Le 1er mars nous entrons en Tunisie en fin de journée.

Bref contexte historique et politique de l’Algérie

Lors de notre passage en février 1974, l’Algérie est indépendante depuis 1962 après avoir subi la colonisation française pendant 132 ans. Le premier président algérien, Ahmed Ben Bella, du Front de libération nationale (FLN) a été le premier chef de gouvernement désigné. Il a été destitué par son ministre de la défense Houari Boumediene en 1965 à la suite d’un putsch. Celui-ci, résolument socialiste, décrète la nationalisation du gaz et du pétrole, ce qui provoque une flambée des prix au niveau international et inspire les dirigeants Mouammar Kadhafi de Libye et Saddam Hussein d’Irak qui nationalisent à leur tour le secteur des hydrocarbures. Le monde connaît son premier choc pétrolier en 1973.

Boumediene a entrepris des révolutions sur les plans industriel, agraire et culturel, fait adopter une charte et une constitution et décrété l’arabisation des institutions. Mort en 1978, il a été remplacé par des gouvernements de plus en plus démocratiques et ouverts au multipartisme.

Abdelaziz Bouteflika est le président actuel. Élu avec 74 % des suffrages en 1999, il a toujours été réélu depuis ce temps. Il a été ministre dans différents ministères depuis la libération en 1962, sous Ben Bella et Boumediene.

L’Algérie compte 38 millions d’habitants, dont une part de 74 % vit dans les villes. Ce sont à 99 % des Arabo-Berbères de religion musulmane.

Tunisie

Un autre accueil chaleureux nous attend dès le passage de la frontière où le douanier nous donne l’adresse de son frère à Bizerte au cas où nous y passerions. On arrive à Tunis vers 22h. On couche à l’hôtel.

Le lendemain, on rencontre Mustapha, topographe qui veut venir s’établir au Québec. Il nous amène souper chez lui et nous fait rencontrer ses amis. On est allé au bowling en soirée tous ensembles. Super sympa.
Le dimanche 3 mars, on arrive à Nabeul au camping; belle petite cité balnéaire que nous avait suggérée Mustapha.

À Ezzarah, j’ai essayé le bain maure : réconfortant après une nuit froide de camping. Nous couchons le lendemain chez les Sylvestre qui nous ont accueillis chez eux pendant deux jours. Je ne me souviens plus comment nous les avons connus. La femme était d’origine rwandaise et leur jeune fille de 8 ans se nommait Prascasi.  Claire, as-tu souvenir?

Le vendredi 8 mars, de retour à Tunis, on visite les ruines romaines de Carthage.

Le soir au va au cinéma voir le film « Il n’y a pas de fumée sans feu » d’André Cayatte, avec Annie Girardot.

Le soir du 9 mars, on quitte le continent africain après y avoir passé plus de deux mois extraordinaires, en route vers la Sicile, via le traversier Tunis Palerme.

Contexte historique et politique en Tunisie

Sous protectorat français de 1881 à 1957, la Tunisie est dirigée par Habib Bourguiba lors de notre passage en mars 1974.

Celui-ci règne en maître absolu et intransigeant durant les années 60 et 70. Il mène à la fois des réformes d’inspiration socialiste tout en maintenant des liens étroits avec l’Europe. Il favorise un mode de vie plus laïque (« laïcisation autoritaire »). Après avoir passé deux mois au Maroc et en Algérie, on sent nettement la différence dès notre arrivée. Peu ou pas de femmes voilées et les gens sont de culture un peu plus « européenne » nous semble-t-il.

Bourguiba a été destitué par Ben Ali en 1987 et gardé sous prison dorée jusqu’à sa mort en 2000. Ben Ali de son côté, après avoir volé le peuple pendant plus de vingt ans, est en exil forcé en Arabie Saoudite suite aux manifestations du printemps arabe de 2011. Celles-ci ont d’ailleurs pris naissance dans la région tunisienne de Sidi Bouzid où un jeune marchand de fruits et légumes s’est immolé, désespéré par les perspectives d’avenir qu’offrait son pays.

La Tunisie compte 11 millions d’habitants dont environ 65 % habitent les villes. Ce sont à 98 % des Arabes de religion musulmane.

Sources des informations sur l’histoire et le contexte politique :
Algérie : Wikipedia, Larousse.fr
Tunisie : Wikipedia, Larousse.fr

Prochain article : La Sicile

Comments 2

  1. Après les deux mois et le repos au Maroc, ça fait beaucoup de route (et surprises, péripéties – c’est ça l’aventure) pour traverser l’Algérie et la Tunisie. J’aime beaucoup tes textes à caractère historico-politique, social (l’après joug des français, la crise pétrolière de 1973, etc.); tes photos aussi qui appuient tes beaux textes. On reconnait le photographe. Tu as de beaux sujets (photo de la jeune fille à Oran p. e.). Et toute cette route en peu de temps qui va pour un retour en Europe par la Sicile. Wow! J’ai hâte bien sûr. Merci René. J’apprécie beaucoup!

  2. Grand bonheur de retrouver ces lieux, paysages et quelle liberté de faire ces choix et aller vers ce que nous avions envie de découvrir. Nouveau pays, nouvelle culture et les trésors qui s’y rattachent. Le contexte géo-politique très bien rendu. Merci René. Je retrouverai bientôt mes carnets de note de ce voyage à mon retour au Québec fin mars. Bravo! épatant travail et je te rejoins en Sicile.

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